dièse et bémol

Mon premier est un piano (et quel pianiste !), mon second est une contrebasse (et quel contrebassiste !) et…

Mon tout est un album

Et quel album !

Dans cette chronique, nous allons évoquer l’album dont l’écoute a mis une des plus grandes claques à l’auteur de ces lignes. Enregistré lors d’un concert exceptionnel le 18 avril 1994 à Copenhague et sorti en 2009, soit 10 ans après la disparition d’un des deux musiciens et un an avant celle du second, cet album est une bombe d’énergie, d’harmonies et de virtuosité bien comprise.

Avant de parler des musiciens et de l’album, je vous propose d’en écouter le premier titre :

Vous les avez reconnus ? C’était “All the things you are” de Jérôme Kern interprété par Michel Petrucciani au piano et de Niels-Henning Orsted Pedersen à la contrebasse.

L’album s’appelle simplement « Michel Petrucciani & NHOP (Live) », il est paru chez « Dreyfus Jazz » et je vous propose de l’explorer un peu plus.

Mon premier est un piano

Dès les premières notes de l’album, on reconnait la personnalité de Michel Petrucciani.

On ne le présente plus, son jeu à la fois léger et vigoureux, la fluidité et le lyrisme de ses phrases, l’énergie de sa main gauche.

Bref, un jeu clair, lumineux, romantique, à la fois force et délicatesse, mesure et démesure, puissance et nuance, urgence et patience, gaieté et vivacité. Sans oublier l’intelligence de ses citations, clins d’œil furtifs aux grands thèmes et aux grands compositeurs du jazz et même plus.

Des ballades jusqu’aux titres les plus musclés, Michel nous délivre une copie sans aucune faille… un petit bijou.

Mon troisième est un duo

Dans cet album, les deux prodiges nous offrent l’exercice le plus difficile du Jazz :  le trio sans batterie ! Quand l’un s’envole, l’autre doit garder les pieds sur terre.

Quand Petrucciani, part dans ses grandes envolées mélodiques, NHOP assure les fondations.

Quand c’est la contrebasse qui part en voyage, le piano lui balise le chemin par des petits accords précis et bien placés…

Mon second est une contrebasse

Face à lui, une contrebasse dont le poète-écrivain-musicien Francis Marmande, a dit : « C’est la voix de mon père dans le corps de ma mère ».  Et c’est tellement ça…

La contrebasse est et reste le lien essentiel entre le rythme et l’harmonie, entre la force et la tendresse…

Avec NHOP, disparu en 2005 à l’âge de 58 ans, la contrebasse frôle la perfection.

Virtuosité, fluidité, musicalité sont les qualificatifs qui viennent en premier quand on l’écoute.

Et lorsqu’il allie ses immenses qualités à celles de Michel Petrucciani, le résultat est foudroyant : rondeur, justesse, agilité, vélocité, complicité, … mais aussi rigueur rythmique dans ses walking bass.

Mon quatrième est un répertoire

Vous l’avez compris, j’adore cet album superbement produit dont le répertoire est composé de standards entendus mille fois tels que « Round midnight », « All Blues », « Stella by starlight » ou les incontournables feuilles mortes avec « Autumn leaves ». 

L’idée de reprendre de tels standards est courageuse parce qu’elle appelle automatiquement la comparaison.

Et là, c’est une magnifique réussite : chaque titre, chaque chorus est une surprise, une démonstration de la complémentarité des 2 artistes.

Bref ! Même s’il est paru en 2009, j’ai fait de cet album mon album de l’année ! L’album de l’accord parfait ! 

Un accord parfait que symbolise idéalement cette magnifique interprétation du titre de Sonny Rollins : Saint-Thomas avec lequel je vous propose de nous quitter.