dièse et bémol

Cette chronique concerne une jeune violoniste.

Je l’ai découverte il y a un peu plus de 10 ans, elle jouait avec d’autres jeunes musiciens dans une soirée hommage à Django Reinhardt et j’avais été impressionné par sa grâce, sa prestance, sa facilité et la fluidité de son jeu.

Fiona Monbet, c’est son nom, avait à peine 22 ans et une assurance étonnante pour son âge.

Son originalité, c’est de savoir combiner des origines irlandaises avec de solides formations au répertoire classique et aux musiques actuelles.

On retrouve donc, dans son jeu un savant mélange des sonorités du fiddle irlandais, du violon classique et des intonations dignes des grands maîtres du jazz.

Aujourd’hui, elle est diplômée du CNSM de Paris, pour le violon, du Conservatoire de Lille, pour la direction d’orchestre, et du Centre des Musiques de Didier Lockwood pour le Jazz et les musiques improvisées.

Lors de cette soirée de novembre 2011 au Pavillon Baltard, elle présentait un superbe album intitulé
« Django Club » en compagnie des guitaristes Richard ManettiSébastien Giniaux et Adrien Moignard et de Jérémie Arranger à la contrebasse.

Ces cinq jeunes virtuoses se partageaient compositions et improvisations.

Je vous propose de les retrouver dans « It’s time », une composition de Richard Manetti, qui n’est autre que le fils ainé du grand guitariste manouche Romane.

Dans cet hommage au grand Django, elle est donc accompagnée de Richard Manetti, Adrien Moignard, Sébastien Giniaux et Jérémie Arranger.

Du jazz au classique

C’est Didier Lockwood qui a lancé Fiona Monbet dans le monde de l’improvisation et du jazz.

On la retrouve aux côtés des plus grands comme les guitaristes Biréli Lagrène, Christian Escoudé et Philip Catherine ou encore Ibrahim Maalouf et Marcel Azzola.

Elle participe à de nombreux projets avec des artistes de variété comme Maxime Le Forestier ou des artistes classiques comme la soprano Patricia Petibon.

Avec Toni Gatlif, le réalisateur, elle a participé à la création des bandes originales de 3 de ses films. Mais ce sont ses projets personnels qui ont attiré mon attention !

Après Django Club dont nous avons écouté un extrait tout à l’heure, elle a enregistré 3 albums sous son nom :

  • En 2013, elle sort un album très personnel (O’Ceol), un hommage étonnant à ses origines irlandaises
  • En 2018, son album « Contrebande » mêle compositions originales et reprises de titres de George Gerschwin et Antonio Carlos Jobim.
  • En 2022, l’album « Maelstrom » dont nous reparlerons un peu plus tard.

Du côté « classique » elle joue régulièrement dans des formations de musique de chambre et remporte, en 2014, en duo avec le pianiste Romain Louveau, le Prix de Musique de Chambre du Conservatoire de Vienne.

Elle joue également en duo avec l’accordéoniste Pierre Cussac.

Cheffe d’orchestre

Et Fiona Monbet n’oublie pas sa formation en direction d’orchestre…

  • En 2018, elle rejoint la direction musicale de la compagnie d’opéra « Miroirs étendus » avec qui elle dirige une quinzaine de musiciens et se produit en France, en Allemagne et en Irlande.

  • En 2019, elle est accueillie en résidence au sein de l’Orchestre Symphonique de Bretagne pour une durée de 2 ans. Elle y assiste Grant Llewellyn, le directeur musical et participe à des concerts en tant que soliste.
  • Elle dirige également l’Orchestre National de Montpellier dans « Cherche et Trouve », une création originale de la compositrice britannique Rachel Leach.
  • On la retrouve dans diverses prestations de direction d’orchestre, à l’Abbey Theatre de Dublin ou avec l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine ou également avec le BBC National Orchestra of Wales au pays de Galles.

Maelström

L’album « Maelström » est sorti le 26 janvier dernier sur le label « Crescendo ».

Du Jazz au blues, du tango à la bossa nova en passant par le Gospel, la violoniste et cheffe d’orchestre nous emmène faire un tour du monde mélodique.

Un album très personnel qui porte parfaitement son nom.

Comme le dit Nathalie Lacube dans le journal La Croix :

Ce Maelström musical évoque le phénomène atmosphérique par son tourbillon, par ses courants qui entrent en contact avec force et créent un mouvement en spirale.

Les titres sont tous composés et arrangés par la violoniste dont le jeu se pose sur un trio de jazz composé des excellents et très demandés Auxane Cartigny au piano, Zacharie Abraham à la contrebasse et Philippe Maniez à la batterie.

L’ensemble est complété par un petit orchestre de chambre classique, pour, comme l’explique Fiona Monbet

Étoffer le son et rajouter des textures.

Elle confie également :

J’ai une double nationalité et un double parcours : jazz et classique, violon et direction d’orchestre, compositrice et interprète… Maelström réunit les fils de ces différentes voix. C’est un manifeste très sincère de ce que je fais et de qui je suis.

La jeune cheffe d’orchestre a joué son album en version symphonique avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne à Rennes en mars 2021 sous le titre « Trois reflets » (diffusé actuellement sur Mezzo).

Elle l’interprétera en mode jazz lors des festivals de l’été prochain.

Ça a été très difficile de choisir un titre de cet album.

J’ai choisi « Joy song », une promenade légère et lumineuse où le quartet de jazz prend toute sa place.

Sonorités irlandaises pour le violon, percussions denses et énergiques de Philippe Maniez, contrebasse rigoureuse et piano riche, le tout posé sur des nappes de cordes et des interventions de cuivres… un régal !

On écoute « Joy song » pour conclure cette chronique.