dièse et bémol

Cet article est consacré à un génial touche-à-tout, un jeune pianiste qui fait briller tout ce qu’il touche.

C’est Laurent Coulondre, 33 ans tout mouillé, déjà une jolie collection de récompenses :

  • Lauréat du Prix de soliste et vainqueur du Tremplin Européen Didier Lockwood à 21 ans, il a raflé la plupart des tremplins auxquels il a participé.
  • Talent Jazz Adami en 2015-2016, Révélation des Victoires du Jazz en 2016, Prix du disque français par l’académie du Jazz en 2019, musicien français de l’année 2020 par Jazz Magazine et artiste instrumental aux Victoires du Jazz 2020.

J’en passe et des meilleures !

Aussi à l’aise en solo, en trio ou en plus grandes formations, soliste ou sideman, il veut tout faire, il sait tout faire… et il le fait bien.

Très jeune, il apprend la batterie puis le piano et il découvre le jazz dans le Big Band de Petite Camargue avec lequel il débute en première partie de Marcus Miller, Dee Dee Bridgewater, Al Jarreau et Michel Legrand dans différents festivals, à Marciac et ailleurs.

Originaire de Nîmes, il étudie à Vauvert puis à Toulouse avant de s’installer à Barcelone où il perfectionne son jeu à l’orgue Hammond.

Il s’installe à Paris en 2011 et il entame une longue période de collaborations aussi bien sur scène qu’en studio : on le retrouve ainsi, entre autres, aux côtés de Robin McKelle, Lisa Simone, Hugh Coltman, Nicolas Folmer, Stéphane Huchard, Minino Garay, Sylvain Beuf,

Bien dans son époque, il n’hésite pas à associer à son piano à queue de nombreux claviers et toute une panoplie d’équipements électroniques dont il use avec habileté et bon goût.

Mais c’est dans ses propres projets qu’il se révèle et avant de vous présenter son tout dernier album, j’aimerais vous dire quelques mots des deux précédents.

En 2017, alors qu’il a déjà sorti plusieurs albums sous son nom, il se lance dans un projet des plus originaux : un album de duos ou trios où il dialogue avec un ou deux batteurs selon les titres, ce sera « Gravity Zero ».

On le retrouve alors seul avec ses claviers face à André Ceccarelli, Cyril Atef, Yoann Serra et Martin Wangermée.

Onze pistes où se mêlent rythmes et percussions, virtuosité et inventivité…

Peur de rien, en 2019, il démontre à nouveau ses qualités de soliste dans un projet en trio où il rend un hommage appuyé et énergique au grand Michel Petrucciani à l’occasion des vingt ans de sa disparition.

« Michel on my mind », c’est le nom de l’album, contient 14 pistes de reprises de thèmes composés par Petrucciani, de standards qu’il a interprété et de compositions de Laurent Coulondre.

 

Je vous propose maintenant d’écouter « Les grelots », une composition originale d’Eddy Louiss que l’organiste avait enregistré avec Michel Petrucciani sur le fameux album en duo « Conférence de Presse » en 1994.

Dans cet enregistrement, Laurent Coulondre joue les deux parties, piano et orgue Hammond, et il est accompagné par Jérémy Bruyère à la contrebasse et André Ceccarelli à la batterie.

A peine remis du succès de « Michel on my mind » et de la tournée de concerts qui a vu le trio interpréter cet hommage dans toute la France, dont le New Morning à Paris, à Jazz au fil de l’OiseJazz à Sète, et Marciac, le jeune pianiste s’est lancé dans un projet à la fois original et explosif.

« Meva Festa », malicieux mélange de catalan et de brésilien qui signifie « Ma fête » et tient ses promesses de rythmes, de soleil et d’exotisme.

Si les trois musiciens du trio de « Michel on my mind » sont toujours présents, l’album est enregistré avec une formation riche en cuivres, vents et en percussions.

Le communiqué de presse qui accompagne l’album est éloquent :

« Véritable poulpe pulsé, l’ensemble déploie un éventail méta-festif de rythmiques afro-cubaines, grooves de Bahia et funks occitans. On secoue les shakers jusqu’à défier la gravité exercée sur nos fessiers à travers des solos qui tutoient L’Aconcagua. La pina colle, coule et soude dans une allégresse contagieuse un projet hors normes. »

On retrouve donc autour des claviers de Laurent Coulondre, les percussions du brésilien Adriano Dos Santos Tenorio, les trompettes de Nicolas Former et Alexis Bourguignon, le trombone de Robinson Khoury, les saxophones de Lucas Saint-Circq et Stéphane Guillaume, la flûte et la voix de Laura Dausse, la basse et la contrebasse de Jérémy Bruyère et enfin, les batteries de Martin Wangermée et André Ceccarelli.

Deux ans de travail et l’album est sorti le 26 septembre dernier… Voici comment Laurent Coulondre lui-même le présente :

« Voilà bientôt deux ans qu’entouré d’une équipe de choc de musiciens et d’amis, je mets toute mon énergie et tout mon cœur à la réalisation de « Meva Festa », l’album de mes rêves, car oui je l’avoue, cette fois-ci j’ai vu les choses en grand ! Percussions, trompettes, saxophones, trombone, flûtes, basses, batteries, contrebasse, voix… C’est à Adriano Dos Santos Tenorio, véritable magicien de la percussion, que je dois l’essence même de ce projet ainsi que son nom ».

Laurent Coulondre aux claviers y joue quelques thèmes et place avec intelligence des interventions énergiques qui ne sont pas sans rappeler l’esprit et la fulgurance de Petrucciani.

Résultat : dix titres entre ballades colorées, sambas trépidantes et rumbas caliente.

Mais parler d’un album, c’est bien, l’écouter, c’est mieux.

Quittons-nous avec toute la bande dans le morceau qui a donné son titre à l’album : « Meva Festa ».