dièse et bémol

Peut-être s’agit-il simplement d’un effet de répétition que ce troisième et dernier opus des enregistrements publics de John Mayall & the Bluesbreakers représente mais, avant même l’écoute de l’album, la simple présence des photos en noir et blanc qui ornent la pochette revêt un sens dramatique inattendu.

Ce graphisme en noir et blanc est l’antithèse de l’explosion de couleurs kaléidoscopiques qui est la marque du psychédélisme de l’époque. Mais plus important encore, il est à l’image de la qualité des enregistrements, dont huit titres ont été réalisés dans quatre lieux différents de Londres.

En plus des caractéristiques acoustiques des lieux, ces sons “vintage” sont également le reflet des goûts des musiciens qui ont grandi dans ces ambiances roots.

John Mayall, le “parrain du blues britannique” a fourni lui-même les bandes magnétiques originales qui ont ensuite été traitées par Eric Corne, co-producteur, ingénieur du son et fondateur du label Forty Below sur lequel cet album historique a été publié.

Les enregistrements mettent en scène Mayall accompagné du guitariste Peter Green et de la section rythmique qui formera ensuite Fleetwood Mac (et restera la référence d’une formation dont les membres changeront énormément).

Quelque soit le tempo, le bassiste John McVie et le batteur Mick Fleetwood tiennent la baraque ! La rigueur de leur soutien laisse une place immense à l’inventivité du chanteur-guitariste mais aussi aux envolées parfois farfelues de Peter Green. Cette approche est l’exemple même de ce qui a fait l’image de John Mayall and the Bluesbreakers, leur fidélité à une forme d’expression qui n’est pas seulement celle d’individualité mais celle d’une forme d’art collective.

Ainsi, les titres comme “Stand Back Baby” ont la priorité et laissent moins de place à l’improvisation. Le groupe relègue cette approche aux instrumentaux “Greeny” et “The Stumble“, qui permettent au successeur d’Eric Clapton de se lâcher, avec une sonorité plus aigüe et un jeu plus inspiré que son prédécesseur.

Pourtant, Green n’est pas en reste sur les autres titres ! On le retrouve dans des solos concis dans certains titres dont “Brand New Start” où, tout en faisant preuve d’une belle imagination, il sert magnifiquement les compositions, qu’il s’agisse de celles Mayall, d’une icône comme Otis Rush (“Double Trouble“) ou de l’idole autoproclamée de Mayall, J.B. Lenoir (“Talk To Ta fille“).

Malgré le travail sur le matériel enregistré, les applaudissements et cris enthousiastes restent tout aussi présents et cacophoniques au début et à la fin des morceaux,  témoignent de la ferveur de la communauté du blues en pleine croissance en Angleterre à l’époque. Le gouffre entre le flower power et la beatlemania qui a précédé, a coïncidé avec la (re)découverte par la Grande-Bretagne du genre musical né en Amérique.

Il n’est donc pas surprenant que l’engagement et la férocité du jeu des quatre musiciens sur Live in 1967 -Volume Three suggère à quel point ces musiciens prennent cette musique et ses origines à coeur.

On retrouve ici toute l’équipe dans Brand New Start, extrait de cet album.