dièse et bémol


Ce n’est pas exagérer qu’affirmer que le jazz moderne a été influencé, voire plus, par la musique de McCoy Tyner. Son style pianistique aux couleurs du blues complété par des accords sophistiqués et une main gauche explosive ont dépassé les styles conventionnels pour donner des sonorités reconnaissables entre toutes et qui ont marqué l’histoire du jazz. Ses contributions harmoniques et ses rythmiques font aujourd’hui partie du vocabulaire de la majorité des pianistes de jazz.


Né le 11 décembre 1938 à Philadelphie, McCoy Tyner est devenu un acteur de la dynamique scène du jazz et du R&B dès le début des années 50.

Ses parents l’ont élevé dans l’amour de la musique dès son plus jeune âge. Sa mère, en particulier, l’a encouragé à suivre des études musicales classiques.

A 17 ans, la rencontre de John Coltrane va changer le cours de sa carrière. En 1960, Tyner rejoint l’équipe de Coltrane pour l’enregistrement de l’album My Favorite Things (1960) et restera l’élément central de ce qui va devenir l’un des groupes les plus importants de l’histoire du jazz moderne, le John Coltrane Quartet.

Le groupe, composé également d’Elvin Jones à la batterie et Jimmy Garrison à la contrebasse, a ete le résultat d’une étonnante alchimie, le tout mené par la relation privilégiée de Tyler et Coltrane.

De 1960 à 1965, la renommée internationale de McCoy Tyner n’a fait que grandir grâce à son vocabulaire innovant qui transcendait le jeu de piano de l’époque en proposant un soutien harmonique et une charge rythmique essentiels.

Il a participé aux plus importants enregistrements de Coltrane dont, en particulier, Live at the Village Vanguard, Impressions et A love supreme, l’album signature du saxophoniste.

En 1965, après 5 ans dans le quartet de ColtraneTyner quitte le groupe pour vivre sa vie et réaliser ses propres projets comme compositeur et leader. 

Parmi ses projets les plus importants, il faut retenir l’album The Real McCoy sorti en 1967, sur lequel on retrouve le saxophoniste Joe Henderson, le contrebassiste Ron Carter et le batteur Elvin Jones son collègue du quartet de Coltrane

Son album innovant Sahara de 1972, aux sonorités et rythmes africains, a été nominé aux Grammy awards, 

Il a ensuite fait de nombreux arrangements pour des big bands à qui il a dédié la richesse de ses textures harmoniques. 

Vers la fin des années 80, il crée son trio composé de Avery Sharpe à la contrebasse et  Aaron Scott à la batterie avec lequel il jouera régulièrement jusqu’au milieu des années 2000. 

Il retourne chez Impulse en 1995, il sort un superbe album avec Mickael Brecker.

En 1996 il enregistre un album particulier sur la musique de Burt Bacharach puis, en 1998, il change à nouveau de label et enregistre, pour TelArc, un album intéressant aux sonorités latines avec Stanley Clarke.

A l’été 2005, Tyner se rapproche du Blue Note, le jazz club de New York et devient le premier client du Blue Note Management. Au même moment, il commence à travailler sur des projets originaux, comme l’accompagnement du danseur de claquettes Savion Glover et le développement de son septet Impulse! avec les meilleurs instrumentistes à vent de l’époque.

Son partenariat avec Blue Note a conduit McCoy à la création de son propre label, l’évident McCoy Tyner Music, filiale du label Half Note Records, la marque maison de Blue Note. Le label lancé le 11 septembre 2007 avec la sortie du dernier CD de Tyner, Quartet avec Joe Lovano, Christian McBride et Jeff « Tain » Watts. Enregistré en public la nuit du réveillon 2006, cet album montre un groupe formé des pointures de l’époque au travail. En plus, ce disque confirme que celui qui mène le groupe bien que le dernier survivant du quartet de John Coltrane est toujours en pleine forme aussi bien comme compositeur, comme pianiste et comme leader.

Dans sa critique de cet album, Thomas Conrad de JazzTimes a écrit :

Le succès de Quartet n’est pas seulement du au fait que les musiciens y jouent tous merveilleusement bien mais surtout parce que la cohésion du groupe, l’écoute et la collaboration entre les quatre est exceptionnelle. Le duo Tyner et Lovano fait preuve d’une synergie étonnante, la section rythmique McBride/Watts est à son apogée. Quartet est également une réussite sur le plan de la production. Il a été enregistré par Phil Edwards au studio Yoshi à Oakland, près de San Francisco, toute la nuit du réveillon 2006. Le plus souvent, à l’écoute d’un album de jazz enregistré en public, il faut choisir entre la qualité sonore et l’ambiance. Ici, il y a les deux !

Le deuxième album du label McCoy Tyner Music, appelé Guitars, est sorti le 23 septembre 2008. Cet album rassemble la section rythmique atomique composée de Tyner, Ron Carter et Jack DeJohnette avec quatre quitaristes (et un banjoiste) actuels : Bill Frisell, Marc Ribot, John Scofield, Derek Trucks et Bela Fleck.

Le coffret contenait également un DVD interactif dans lequel le spectateur peut choisir de sélectionner un des musiciens dans le studio, à n’importe quel moment de la vidéo de chaque titre.

En 2009, Tyner sort le troisième album de son label, un album en piano solo enregistré à San Francisco pendant l’été 2007.

Tyner a toujours élargi sa vision du paysage musical en incorporant des éléments nouveaux, au travers des cultures et des influences musicales. Il apparait,  dans plus de 80 albums sous son nom, a remporté 4 Grammy et a été décoré par le Fonds National des Arts en 2002.

Il décède le 6 mars 2020 dans le New Jersey, à l’âge de 81 ans.