« Take the A Train » vous connaissez probablement ce standard de jazz, interprétés des millions de fois mais immortalisé par l’orchestre de Duke Ellington.
Mais connaissiez-vous son compositeur ?
Billy « Sweet Pea » Strayhorn est entré dans l’orchestre du grand Duke à l’age de 24 ans en 1939.
Dès leur première rencontre, Ellington a apprécié Billy et a pris ce timide et talentueux pianiste sous son aile.
Aucun des deux n’avait d’idée claire sur le rôle de Billy dans l’orchestre mais leurs talents musicaux les avaient rapprochés.
Arrangeur, compositeur, pianiste, en moins d’un an, Strayhorn devient essentiel dans le grand orchestre.
Il a très rapidement assimilé le style et la technique d’Ellington et il était devenu difficile de savoir lequel des deux avait composé, arrangé ou jouait dans l’orchestre.
Le résultat de leur collaboration était une musique plus joyeuse qui eut une grande influence dans le monde du jazz.
L’histoire de la famille de William Thomas Strayhorn remonte à un peu plus de 100 ans à Hillsborough, en Caroline du Nord.
Une de ses aïeules avait été la cuisinière de Robert E. Lee, le célèbre général commandant de l’armée confédérée pendant la guerre de sécession.
C’est cependant à Dayton (Ohio) que Billy est né le 29 novembre 1915. Sa mère, Lilian Young Strayhorn venait souvent à Hillsborough où Billy était attiré tout petit par le piano de sa grand-mère et en a joué dès qu’il avait été assez grand pour atteindre le clavier. Et rapidement, la famille se réunit autour de lui pour l’écouter et chanter.
En 1923, il s’installe à Pittsburgh (Pennsylvanie) où sa mère s’était installée pour rejoindre son mari, James Nathaniel Strayhorn qui avait trouvé un emploi chez un industriel de la ville.
C’est ici que Billy prit ses premiers cours de piano avec Charlotte Catlin. Il en jouait tous les jours et faisait partie de l’orchestre de l’école.
Son père l’inscrivît à la Pittsburgh Musical Institution où il apprit la musique classique ce qui lui permit d’avoir une formation classique beaucoup plus profonde que la plupart des musiciens de jazz de l’époque.
Très productif, Strayhorn a influencé beaucoup des musiciens qu’il a rencontrés sans pour autant en tirer fierté et confiance en lui.
Pendant un moment, il a même enseigné la musique classique à Lena Horne pour l’aider à élargir sa palette et améliorer son style vocal.
Avec l’orchestre d’Ellington, il a fait le tout du monde et a vécu plusieurs mois à Paris.
Compositeur prolifique, Strayhorn a signé des titres comme « Chelsea Bridge, » « Day Dream, » « Johnny Come Lately, » « Rain-check » et « Clementine ». Ses compositions les plus jouées sont les hymnes de l’orchestre de Duke Ellington « Take the A Train » et « Lotus Blossom » (voir l’article sur les compositeurs de Duke Ellington).
Il a également collaboré avec Duke dans la composition et l’arrangement des suites telles que « Deep South Suite » (1947), « Shakespearean Suite » et « Such Sweet Thunder » (1957), un arrangement du « Casse-noisette » (1960) et « Peer Gynt Suite » (1962).
Avec Ellington, il a composé la « Queen’s Suite » dont le seul exemplaire gravé a été offert à la Reine Elizabeth d’Angleterre.
Plusieurs de ces suites, dont « Jump for Joy » (1950) et « My People »(1963), enrichies par un livret et une chorégraphie, évoquent la lutte des noirs aux Etats-Unis.
Reconnu et récompensé à de nombreuses reprises pour ses talents de compositeur, d’arrangeur et de directeur, il meurt d’un cancer le 31 mai 1967 non sans avoir envoyé une dernière composition, « Blood count » à Duke Ellington depuis l’hôpital.