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Pannonica, la Baronne du Jazz

La Baronne s’investit Nica ne s’est pas contentée de passer ses nuits dans les boites de jazz, elle s’est également fortement investie dans la défense de la musique qu’elle aimait et des musiciens qui la jouaient. Membre du syndicat des musiciens, elle a également été l’agent d’Art Blakey et des Jazz Messengers, a joué les infirmières auprès de Coleman Hawkins et a financé l’école de musique de Barry Harris. Plus important encore, elle a défendu la situation des musiciens noirs de l’époque en pétitionnant pour faire abolir les cartes de cabaret, sorte de permis de jouer qui rendaient les musiciens dépendants du bon vouloir des autorités (pas toujours tendres, c’est un euphémisme, avec les musiciens noirs).  Le racisme, les démêlées avec la police et la malveillance n’ont pas réussi à l’éloigner de sa passion. Nica a aussi mis sa fortune au service des SDF de la musique qu’étaient les musiciens de Jazz en aidant financièrement ses amis en manque chronique d’argent et en leur offrant le gite et le couvert.  C’est ainsi qu’elle accueillit Bud Powell, Charlie Parker et Thelonious Monk. Charlie Parker, malade et à bout de forces, trouva la mort dans sa suite du Stanhope Hotel de New York en 1955 alors qu’il n’avait pas 35 ans. L’amitié et la fidélité qui liaient Nica et Thelonious Monk ont duré jusqu’au décès du pianiste en 1982. Inséparables, elle le suivait partout en tournée, jusqu’en Europe, a même été jusqu’à lui offrir un Steinway et à se faire condamner pour possession de drogue à sa place.  Ses amis musiciens ont bien sûr été sensibles au soutien de cette femme admirable, qui rejetée par sa famille et son milieu, a totalement dédié sa vie à la musique et aux musiciens qui le lui ont bien rendu avec une vingtaine de compositions à son nom. Pour conclure cette chronique, je me permettrai de citer Clint Eastwood :  Je n’ai connu Nica que peu de temps, mais j’ai découvert une femme remarquable, et en tant que mécène du jazz, la baronne restera dans les mémoires comme quelqu’un dont la vie était indissociablement liée à cette musique et à ses plus grands interprètes. Elle m’a aidé dans la préparation du film Bird, et je serai toujours heureux d’avoir eu l’occasion de la connaître. C’était véritablement une grande dame. Pannonica, la Baronne du Jazz Nous venons d’écouter « Pannonica » par Thelonious Monk enregistré à San Francisco en octobre 1959 dans un album intitulé « Alone in San Francisco ». Le grand Thelonious avait l’habitude de présenter ce titre avec ces mots :  Bonsoir tout le monde, très heureux d’être ici ce soir, je vais vous interpréter un morceau que j’ai composé récemment et qui s’intitule Pannonica. Je l’ai composé pour cette très belle dame, là. Je crois savoir que son père lui a donné ce nom en souvenir d’un papillon qu’il avait découvert dans une région d’Europe que les Romains appelaient la Pannonie. https://youtu.be/aSLpyw1Kvms

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